lundi 27 février 2012

2.11 LE PINGOUIN (Hallucinations de Snake)




C'est tout proche du BIG BANG, c'est closely to tout cette sensation des grands espaces. Ça passe par les yeux et ça entre par tous les boyaux. Ça inonde tout le corps, tout le transit des cellules, on trouve sur pellicule photographique, figé à vie, comme une soucoupe. La Snake se débarrasse du paysage, Il s'étend, Il détonne. Il s'allonge et c'est le BIG BANG.
D'abord c'est une lente agonie dans un perpétuel virage qui tourne tourne comme un gyrophare. Une boule pleine de pattes et d'épine traverse la route (un porc-épic, une beauté crachée du Snake). On perd la tête (le pingouin a le tournis, il va dégueuler, dépecer le petit chat coincé au fond de sa gorge, libérer les échos des derniers repas) mais ce n'est pas le moment de mettre à jeun. C'est pas le moment, puis les arbres nous encerclent. Ils sont partout partout, sur le bord du Snake ils matent l'engin dégueu (le Monster Truc, la folle machin machine, le tas de ferraille), ils se penchent pour te voir chialer, s'assurer que si tu ne chiales pas tu devrais chialer quand même, ils feront tout pour te voir chialer. Entrer dedans n'est pas une partie de plaisir, même Mick l'a dit (il a dit au Pingouin que la route est dangereuse, des fois elle se fait la malle comme le reste). IL FAUT ATTEINDRE LE CHECK-POINT, A EAGLE PLAIN, ET TU SAIS CE QUI Y A DE PLUS MARRANT DANS TOUT CA? C'EST QU'Y A PAS D'AIGLE A EAGLE PLAIN!

TOMBSTONE PARADISE. C'est quelques kilos d'image en tonne plein la tête. D'abord il y a ce sentiment d'infiniment géant. Les montagnes sont rendues comme des gardes, des tours de guet où le Snake se faufile tranquillement entre leurs pieds. Même Lui fait profile bas, il ne demande rien, il s'éclipse, il ferme la gueule. Le MONSTER TRUC s'arrête, il faut prendre une pause pipi-koffy-clope sauf que cette fois-là il n'y avait pas de koffy et le pingouin ne fume pas. OH CA NON! J'AI LE BEC QUI TOUSSE! Le pingouin pisse. Il pisse devant TOMBSTONE PARADISE;
C'est bon de pisser dans le Vrai. Et sa pisse s'immisce dans les rainures de la terre, entre les herbes-mousses, creuse un micro-canyon et s'improvise petit ruisseau. Elle coule-court tout en bas et rejoint un torrent qui torrente dur dur dans le creux de la vallée. Elle se transforme en iceberg luisant.

On rembarque dans le Monster Truc, elle fait un peu de bruit bizarre, ça ronronne sec dans la carrosserie, le pingouin tremble beaucoup mais ça n'enlève rien à la beauté du Vrai. Le Snake se montre docile pour une fois.
Il y a des caribous qui pataugent dans les torrents. La pierre vire du blanc au rouge, puis au noir, puis au rouge (encore). L'eau vire du blanc au rouge, puis revient au blanc pour se transcender de rouge ensuite. Un lynx traverse le Snake, il n'a pas le temps de s'arrêter car le bruit lui a bousillé un tympan. Maman caribou planque Bébé caribou dans les grandes herbes-mousses et ça ne se voit pas. Mike stoppe l'usine de son Truc et il contemple avec le Pingouin toute la tranquillité du moment. Une putain de tranquillité. La tranquillité du Vrai.
Assez vu. On repart.
On repart dans les allures du Snake qui se crevasse, qui s'illumine, qui s'étiole parfois pour ne devenir plus qu'un indice, un bout d'indice, un semblant d'indice, une vague trace d'identité, une vague trace de présence d'humanité (une ligne jaune coule dans la rivière qui longe le Snake).

mercredi 22 février 2012

2.10 LE PINGOUIN


INVENTAIRE

Un canif multi service (grailler quand il faut grailler, ouvrir les boîtes à grailler, couper la viande à grailler, attraper les trucs à grailler)
Des cailloux en écorce d'arbre (la superstition vraie)
Un sac cuir de la faucille croisé sur une route en Ukraine
Une paire de godasses godillos
Un paquet d'allumettes imperméables pour cibler les grandes chaleurs
Un serre-tête pour ne pas la perdre, surtout pas, pour ne pas la perdre
Du fil à coudre
Des hameçons de guerrier
Des calbutes, des calbutes, des calbutes!
Des fermetures éclairs pour fermer sa gueule et ne pas laisser couler les eaux troubles
Une pellicule photographique
Du PQ sans politique
Du fil à coudre (couleur autre)



jeudi 16 février 2012

3.1 Kerouac

Quel est le sentiment qui vous étreint quand vous quittez des gens en bagnole et que vous les voyez rapetisser dans la plaine jusqu'à, finalement, disparaître? C'est le monde trop vaste qui nous pèse et c'est l'adieu. Pourtant nous allons tête baissées au-devant d'une nouvelle et folle aventure sous le ciel.

Extrait du chapitre VII Sur la route, Jack Kerouac.

(C'est l'histoire d'un gars qui s'embarque un peu partout et qui, en fin de compte, rentre chez sa mère pour se reposer et pondre un pavé one-shot)





mardi 7 février 2012

2.9 LE PINGOUIN (Réflexion d'avant les starting blocks)

15 euros= 19,6888888888 US dollars à l'infini=12,4449 livres sterling= 19,6082 US australia= 1507,84 yen= 965.695 roupies indiens= 18.0948 France suisses= 9,456.42 pesos du chili= 113.642 couronnes croates= 22,919.14 dinars irakiens= 22,919.14 zloty polonais= 0.0114224 once d'or!!!!!
pour une paire de godasses.
C'est tout. Rien que ça. Rien qu'une paire de godasse pour s'en aller s'éclipser au pays des icebergs. Pas celle de l'humain.

Dans un aéroplane blindé, le pingouin participe, aussi bien peu que mal. Il devient son aéroplane blindé, même que c'est mieux qu'au ciné pour se trouver dans un rêve, un conte de fée, et dans le fond c'est un peu comme s'il avait toujours eu envie. Se sentir dans la vie.
Le pingouin se sent dans la vie. C'est un sentiment de non limite, qu'il est bien obligé de vivre en direct live en français, sans boussole, sans instrument de navigation parce qu'il l'intéresse, c'est de découvrir une terre sur laquelle il pensait poser pied mais qui, en fin de compte, est toute nouvelle. L'autre, 'taleur, lui a dit qu'il était comme Jacques Cartier, et il avait compris Jacques Kerouac, ou Jacques London, on s'en fout. Le tout est dans le Jacques! Il est un J, un J comme Jacques ou Jérémy on s'en fout, le principal est qu'il puisse participer au mouvement, à ce mouvement de pensée qui ne cesse de bouger. Elle bouge elle bouge elle bouge, elle se nourrit de tout ce qui l'entoure. Ça peut être de la musique ou d'un accent différent du mien. Du mieux (j'ai failli faire l'erreur typographique qui se dit être français de France).

Le pingouin est un No Man's Land. Rien d'autre. Alors qu'importe du NUMBER ONE qu'il est obligé de sortir de sa POCKET. C'est toujours la même POCKET. Il a des photos de la reine d'Angleterre, il en avait aussi de Saint-Exupéry avec des avions et des histoires de garçons blonds, JE M'EN FOUS! Le pingouin est un francophone humain. Il blablatte comme il peut, avec les mains d'un Italien aussi bourré que sa tour de Pise. 

dimanche 5 février 2012

2.8 Le chant du PINGOUIN


Des godillos quand j'me lève
Des godillos pour passer sous la douche
Pour prendre mon thé avec mes biscuits
Pour savourer un bout de ciel par la fenêtre
Des godillos qui pourrissent à l'entrée
Des godillos entartrés pleins de calcium
Avec des traces du bitume de la route
Avec des kilomètres de vie en rose

Moi j'ne porte qu'une paire de godasses
Et j'vais loin loin loin
J'ne porte qu'une paire de godasses
Et j'vais loin loin loin

Des godillos qui tirent la langue
Comme des gadjos fous fous fous
Des godillos qui savent jouer de la guitare
Sans les mains et sans guitare
Des godillos pour la nuit insomniaques
Sans les yeux et sans paupière
Des godillos comme des cochons d'Inde
Sans rêve dans les rêves.

Moi j'ne porte qu'une paire de godasses
Et j'vais loin loin loin
Car moi j'ne porte qu'une paire de godasses
Qui me portent loin loin loin

Des godillos avec une bouche épaisse
Ça parle beaucoup beaucoup trop
Des godillos pleines de dents et de langues
« Ferme ta gueule un peu! »
Des godillos qui râlent et s'exclament
La moindre côte fait avancer
Des godillos qui hurlent à la prochaine conquête
Un nouvel iceberg à découvrir encore

J'ne porte qu'une paire de godasses
Et j'irai loin loin loin
Car une paire de godasses
Ça porte loin loin loin


Chanson du Pingouin, chanté sur le dos d'une cuillère au Saskatchewan.