lundi 2 janvier 2012

2.5 LE PINGOUIN (partie 4)



ATTENDS AVANT DE PARTIR! TU NE VAS PAS LAISSER TON BIG BAG COMME CA! Le singe est sherpa du pingouin. Ses jambes deviennent des allumettes, les genoux craquent sur la pression et ça fait des étincelles. Le singe est sherpa du pingouin. Il porte un big bag sur les épaules, et c'est tout ce qu'il a. Mais il ne sait pas que c'est pour toujours.
Le pingouin rêve d'icebergs en éruption, de Terra Incognita, mais TOUT LE MONDE SAIT QUE LE MONDE EST à DECOUVERT LES BRAS EN L'AIR, et que, par conséquent, Terra Incognita est ailleurs. Les icebergs bétonnés de NEW-YORK-PLASTIC-CITY le dégoûtent comme peuvent goutter les glaçons sous les rayons ultraviolets. Ils dégoulinent ET IL RESTE QUOI EN FIN DE COMPTE? Des édifices osseux, des colonnes colossales, des ruines vouées à demeurer comme ça, fixes. Wall Street est une impasse. Et les loupiotes de Broadway clignotent comme clignotent les feux de signalisation, les systèmes d'alarme, les feux de détresse. C'est plein de détresse dedans. Détresse pour les hommes qui courent et qui s'étalent sans savoir que les icebergs coulent. C'est triste. Détresse à travers les canalisations qui canalisent tout tout tout, les eaux, le feux, l'air comprimé, les bouts de terre, les éléments. Canalisations de la détresse pour la concentrer et la faire vomir par les robinets, les égouts, les piscines, les chiottes, les embouchures, les conduits d'air et c'est tout NEW-YORK-PLASTIC-CITY qui dégueule. Le pingouin est déçu. Bec baissé, il croise l'ombre du singe sherpa. Il a l'air de lui coller au cul comme un chewing-gum qui fait des fils. C'est un putain de gars qui s'est fait mâché des tonnes de fois, il se dit. C'est un putain de gars qui semble vouloir faire la plus grosse connerie de sa vie, comme... comme en ce moment, faire ce qu'il n'a pas droit de faire. Une tentative d'échappatoire, un risque d'exit. Il se fait sherpa pour ne pas être autre chose. D'ailleurs il a tout essayé déjà, et sherpa n'était pas dans sa to-do-liste.
Ensemble, ils ont les pupilles dilatées. Ils captent tout ce qu'il y a à capter. Le singe dans sa peau de sherpa, et le pingouin dans sa peau de pingouin, ils scrutent les perpendiculaires et les parallèles de la Ville. Il y a des Chinois jaunes qui déménagent des sofas rouges, et c'est alors la révolution dans la rue. Les taxis jaunes klaxonnent sonnent comme des képis sous acide. Les passants qui passent marchent au pas et ce sont leurs cheveux qui bougent. C'est un jour d'hiver (ou divers?!) qui laisse passer la fumées par les bouches, et c'est un brouillard qui naît.
Et c'est ça qu'on appelle CHANGER D'AIR?
Alors le pingouin quitte NEW-PLASTIC-CITY, en apportant avec lui les coulisses dégueulasses d'icebergs en plastique, d'icebergs « pour-de-faux » qui ne dégoulinent même pas « pour-de-vrai ». Le singe suit. Il est sherpa (n'oubliez pas!). Tous les deux marchent vers le nord. Vers Montréal-Frenchy-Cosy, pour retrouver le repère exact, le phare de la conquête. Tous les deux veulent se rendre là-bas.

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